Et toi, as-tu trouvé ta Terre ?

Longtemps, j’ai cherché un endroit où poser mes valises.

Je suis originaire de Vendée et, pour une raison qui m’échappe encore, je ne me suis jamais sentie familière avec ce lieu de vie. J’aimais beaucoup mon village mais en dehors de celui-ci, je n’aimais pas grand chose et encore aujourd’hui, lorsque je reviens en Vendée, je m’y sens étrangère. J’ai donc parcouru les routes du Monde pour trouver un lieu de vie dans lequel je me sente chez moi. J’ai découvert des endroits magnifiques dans lesquels j’ai parfois posé mes valises pour quelques mois, voire quelques années. Ce fût le cas au Maroc ou en Inde, deux pays dans lesquels j’ai le sentiment d’être à la maison.

Durant près de six ou sept ans, j’ai cherché. Je ne compte plus le nombre de déménagements, la fatigue, le découragement parfois. Il y eût aussi deux ou trois véritables loupés et puis un jour, lors d’un weekend à moto, je suis tombée nez à nez avec les alignements de Carnac en Bretagne. J’ai arrêté ma moto sur le bord de la route, je suis descendue et je suis restée là, immobile, probablement paralysée par tant de beauté. Le soleil se couchait et dessinait une peinture rougeâtre dans le ciel. Un véritable moment de grâce. Quelques jours plus tard, cet évènement m’est revenu : je ressentais un appel très fort du lieu, une sorte d’obsession qui m’empêchait de dormir la nuit et me donnait la sensation d’étouffer le jour. Je manquais d’air et il me semblait que je ne reprendrais mon souffle que lorsque j’aurais pris la décision de déménager là-bas. C’était violent à vivre.

Mais ce qui devait arriver arriva. J’ai trouvé un logement les jours suivants et je suis partie m’installer dans le Morbihan. Sans le savoir, j’avais trouvé un pied à terre à quelques centaines de mètres des alignements de Carnac. Ce sont eux qui m’avaient appelé.

Depuis, je n’ai plus quitté la Bretagne car pour la première fois, je me sens appartenir à une Terre et quelle Terre ! Je vis en bord de mer et donc avec la mer, avec ses humeurs, ses vents, son paradis. J’ai le sentiment d’être à ma place, dans un lieu qui ne ment pas. Un lieu imparfait, authentique, parfois brute et d’une incroyable beauté. Un lieu qui se découvre, qui se mérite et dans lequel on ressent une véritable appartenance. Et que c’est bon de se sentir chez soi. C’est sécurisant et doux à la fois.

Trouver son lieu de vie n’est-il pas en lien avec le fait de trouver sa place sur Terre ? Peut-être pas, certains sont des nomades, mais j’ai noté qu’il arrive un moment dans l’existence où l’homme a besoin de s’ancrer dans un lieu, de reconnaître un territoire et de créer des liens. Peut-on trouver un bonheur durable sans ancrage ? J’aurais tendance à penser que non et que le manque d’ancrage s’apparente à une forme d’errance à la fois physique et psychique.

Car lorsque l’on trouve sa Terre, lorsque l’on trouve son ancrage, alors on peut jouir de la fusion entre l’environnement et notre Être. On devient la Terre, la solitude disparait et je crois que l’on ressent alors naturellement le devoir de protéger cette Terre. Dès lors, quelle que soit notre vie, nous avons une mission, un but et notre existence prend un nouveau sens.

Qu’en pensez-vous ? Qu’en est-il pour vous ? Avez-vous véritablement choisi et trouvé votre Terre ?

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Finalement, c’est quoi la vie ?